CHRONIQUE DE LA COMPAGNIE

LE COMMENCEMENT

CHRONIQUE DE LA COMPAGNIE 1556893098-deco1

« Des hurlements qui s'évaporent dans le vent glacial et s'étendent jusqu'à la cime des montagnes aux pics aussi acérés que le froid qui dévore nos chairs. L'ivoire immaculé se tâche lentement de pourpre sous le bruit lourd des corps qui s'effondrent, inertes.

Les corps s'amassent faces à la violence de nos adversaires. Nos ennemis, ne sont ni morts, ni vivant pourtant ils marchent et frappent sans ménagement, sans crainte. Avons-nous encore de la peur, ou sommes-nous à présent gouvernés par l'adrénaline et le seul besoin de survivre telles des armures vides. Sommes-nous finalement comme eux ? Un caporal s'est écroulé, il faut conduire nos frères d'armes à la victoire pour leurs vies, leurs familles mais avant tout pour l'Alliance. Une partie de la troupe est déjà tombée et nous sommes repoussés contre le seuil d'une colline dont la roche est aussi coupante que nos épées qui tintent et se séparent dans des feulements terribles.

Depuis combien de temps sommes-nous là, et comment nous avons pu en arriver là ? Des cris perçants proviennent du ciel, des ombres volantes nous lacèrent. Il faut tenir mais pour qui, pourquoi ? À quel moment cette décision est arrivée, celle qui m'a fait croire que je devais combattre au nom des autres et non du mien ? Un craquement, mon corps se redit et ma vision devient une épaisse brume. Je m'effondre, soulevant un nuage de neige. Mon corps est prit par des soubresauts, sous l'infâme tambour qui résonne dans mon buste d'une complainte de plus en plus lente et tout s'assombrit autour de moi. »

Aymeric Rabrock fut retrouvé en hypothermie et presque inerte parmi quelques survivants, durant l'une des terribles batailles dans le Norfendre il y a de cela plusieurs années. Après avoir combattu pour l'Alliance dans les rangs de l'armée en tant qu'officier, il changea rapidement de voie et de personnalité. La complexité de ses pensées résonna comme une folie mais aussi comme une source d'inspiration. Difficile de savoir si se fut la folie qui lui donnait cette force, ou si se fut cette force qui le rendait fou. Seulement, il défendait ses propres idéologies à travers son regard dont il s'était formé une vision d'un monde trop obscure.

Ainsi il décida de regrouper des mercenaires et des bandits, pour créer une compagnie afin de répondre à son besoin d'autorité dans un premier temps. Mais aussi suivre ses propres mœurs concernant la richesse et les principes de vie. Pendant de longs mois, la compagnie proposa leurs services aux plus offrants. Défendre des terres, partir à la recherche d'objets les plus précieux, défaire des ennemis, ou même protéger des personnes lors de voyages. Le travail ne manqua pas. Cependant quand il n'y eut pas assez d'employeurs, c'est sous les flots de sangs, d'hurlements et au pillage que se tournèrent leurs activités, afin de subvenir à chacun.
La compagnie des lames de Rabrock, ne fut pas des plus connues, les faits d'armes prirent un autre son de cloche avec le bouche à oreille et les rumeurs. On distingua notamment plusieurs groupes de personnes qui purent en parler. Notamment ceux qui eurent l'occasion de faire des négociations, dont les louanges pour la plupart colportèrent qu'ils jouaient de fourberies et de la tactique lors de combats, mais aussi d'hommes qui aimaient les soldes grasses, près à tout pour avoir leurs argents mais qui n'iront jamais au delà des lignes si un extra n'était pas rajouté. Tandis que les autres, dirent simplement qu'ils aimaient festoyer et profiter du bon temps entre les voyages. Des hommes rustres et vulgaire pour la plupart, aux goûts particulier pour les mauvaises plaisanteries.

Le temps passa et de contrats en contrats pour défendre la bourgeoisie et les nobles, le chef Aymeric Rabrock ainsi que sa compagnie entière se retrouvèrent affublés d'un sobriquet rabaissant : Les asservis. Contraire à sa manière de penser, se fut dans une colère noire qu'il châtia ceux qui osèrent prononcer à voix haute ce surnom ou dénigrèrent la compagnie en l'imaginant assez faible. Il conduisit ses hommes de périple en périple se refusant d'accepter le moindre contrat, menant ses troupes d'un poing d'acier. Le pillage se fit toujours plus loin et plus imaginatif. L’opulence de la richesse fut présente sous la promesse du chef et sous toutes ses formes. Cependant c'est lors d'une rencontre fortuite qu'il perdit une partie de ses hommes dans une violence digne de leurs rangs alors qu'une autre partie des survivants prirent le chemin de la désertion et refusèrent de sombrer dans la folie de se chef qui se comportait tel un tyran sous prétexte de vengeance. Très peu de personnes pouvaient parler de cette folie qui anime cet homme tout comme très peu étaient au courant de l'événement qui a brisé la compagnie, par crainte des représailles ou simplement le souhait d'enfuir au plus profond des âmes cette sombre histoire. À présent Aymeric recherche à former une fois de plus sa compagnie. Un homme différent qui avait apprit de ses erreurs ? Nul ne sait ou il menait cette fois sa troupe et dans quelles conditions.